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Vincent DEFRASNE
« Le biathlon c’est être soi même »
« Pour réussir le délicat mélange qu’exige notre discipline, chacun doit trouver sa voie, sa méthode, son style. Adapter sa carrière à ses envies, ses challenges.
Du coup, le monde du biathlon est plutôt varié : du montagnard au citadin, du baroudeur au glandeur, du calme à l’énervé. Pas de copie, mais beaucoup d’inspiration de ce que font les athlètes qui réussissent. Cela donne des sportifs natures, volontaires, avec des yeux et les oreilles grands ouverts…qui veulent réduire les minutes en secondes, les centimètres en millimètres ».
Après ses premiers pas sur des ski de fond dès l’âge de trois ans, il choisit le biathlon en sport-études.
En 1998, Vincent rentre à l’armée, corps qui permet (avec les douanes) aux biathlètes de pouvoir pratiquer correctement leur sport en France.
1999 : C’est le début sur le circuit de la coupe du monde, Vincent dispute aussi ses premiers mondiaux.
2001 : Première victoire avec un titre de champion d’Europe de sprint et de poursuite. Il remporte un premier titre mondial avec le relais à Pokljuka ( Slovénie).
2002 : Vincent effectue ses premiers podiums en coupe du monde. Il remporte une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Salt Lake City.
En 2003 et 2004, il se classe deux fois quatrième lors des championnats du monde, tout d’abord sur le 20 km puis sur la poursuite.
C’est lors de la saison 2005-2006 qu’il remporte ses premières victoires en coupe du monde : le sprint en janvier 2006 à Oberhof (Allemangne) et la poursuite à San Sicario (Italie).
MES JEUX :
Voir l’article paru dans OLYMPIC REVUE N°77
Le sacre olympique
Le 18 février 2006, Vincent Defrasne enlève son titre Olympique dans l’épreuve du 12,5 km poursuite. Il part en cinquième position à 43 secondes de l’Allemand Sven Fischer à la suite des résultats enregistrés à l’occasion du Sprint 10km quatre jours plus tôt. Defrasne signe un 15 sur 15 lors de ses trois premiers passages au tir, passant alors en tête devant Ole Einar Bjoerndalen et Sven Fischer.
Lors de l’ultime passage au tir, Defrasne commet deux fautes et Bjørndalen une, tandis que Fischer fera un sans-faute. Defrasne sort ainsi en tête du pas de tir avec Bjørndalen dans sa trace (à 6 secondes) et Fischer en embuscade à une trentaine de secondes.
Bien vite, Bjørndalen revient sur Defrasne, qui se contente alors de suivre le Norvégien. Tandis que l’Allemand tente un retour impossible, la victoire se dispute au sprint entre le Français et le Norvégien. Defrasne évite de peu la chute lors du dernier virage et Bjørndalen prend quelques mètres d’avance à trois cents mètres de la ligne d’arrivée. Mais Vincent Defrasne revient et porte son attaque à cent mètres de la ligne, laissant sur place Bjørndalen, plus en mesure de répliquer.
Quelques jours plus tard, il participe au relais français qui remporte une nouvelle médaille de bronze, médaille obtenue de quelques centimètres par Raphaël Poirée.
Leader de l’équipe de France
Son succès lors des Jeux olympiques puis la retraite de son compatriote Raphaël Poirée au terme de la saison 2006-2007 donnent progressivement à Defrasne un rôle moteur au sein de l’équipe de France.
Les deux années qui suivent son sacre olympique sont néanmoins en demi-teinte. Il ne termine ainsi que quinzième du classement général de la coupe du monde lors des saisons 2006/2007 et 2007/2008, en recul par rapport à ses performances antérieures.
Ces deux années sont toutefois l’occasion pour lui de quelques belles performances, comme sa médaille de bronze en poursuite aux mondiaux d’Antholz-Anterselva en 2007 et de gagner le petit globe de cristal, récompensant la première place au classement de l’individuel au terme de la saison 2007-2008.
Vincent Defrasne rafle l’or à Turin
Formidable exploit de Vincent Defrasne !! Au coude à coude avec le légendaire Ole Einar Bjoerndalen à l’attaque de la dernière ligne droite de la poursuite, le Français a réalisé l’invraisemblable : Faire chuter la quadruple champion olympique et s’offrir une médaille d’or ahurissante !!
« Ce fut un véritable fiasco sur l’épreuve de sprint, 12e, c’est très mauvais. J’étais vraiment déçu après la course. Pendant quelques heures, c’était assez dur à digérer ». Avec une seule médaille d’argent au compteur, le légendaire Ole Einar Bjoerdalen ne pouvait tirer qu’un bilan largement négatif de ses deux premières courses à San Sicario. C’est pourquoi le Norvégien, quadruple champion olympique, attaquait la poursuite comme un mort de faim. « Rien n’est terminé », prévenait-il.
Bjoerdalen intenable en début de course
Relégué à 1’14 de Sven Fischer dans le portillon de départ, Ole Einar Bjoerdalen enclenchait le turbo d’entrée. Au fil des kilomètres, personne ne semblait capable de résister à la tornade Bjoerdalen. Sven Fischer craquait dès le premier pas de tir avec deux fautes, ses compatriotes Halvard Hanevold et Frode Andresen, exténués par les efforts consentis lors du sprint signaient un rédhibitoire 2 sur 5 lors des deuxièmes et troisième tirs, Raphaël Poirée, maudit lors de ces JO, cassait un ski et abandonnait. Le roi Bjoerdalen donnait le sentiment de s’envoler vers le sacre avant qu’un skieur ne vienne, à la surprise générale, lui souffler l’or sur la ligne d’arrivée.
Vincent Defrasne est survolté
Cinquième au départ, Vincent Defrasne, moins rapide sur les skis, pouvait s’appuyer sur une réussite sans faille sur les trois premiers pas de tirs pour s’emparer des commandes de la course. Sentant la victoire se profiler, le Français, carabine en main, craquait sous la pression lors du dernier tir. 3 sur 5, une faute de plus que Bjoerdalen, le skieur de Pontarlier ne pouvait empêcher le retour de l’emblématique Norvégien dans la dernière boucle.
Peu alors donnait une chance à Defrasne de tenir tête à la fabuleuse machine scandinave, d’autant plus qu’il trébuchait dans l’épingle à cheveux finale. Revenu au coude à coude à l’attaque de la dernière ligne droite, le Tricolore puisait alors dans ses réserves et profitait d’un Bjoerdalen fatigué pour arracher la médaille d’or incroyable au terme d’un sprint mythique. Defrasne et toute la France se souviendront bien longtemps de sa victoire !
Ah, le final San Sicario ! Quand on évoque Vincent Defrasne et les Jeux olympiques, on pense forcément à Turin 2006 et sa médaille d’or glanée en poursuite à l’issue d’un final des plus intenses où il prit le meilleur sur Ole Einar Bjoerndalen, « LA » référence en la matière, ce qui a déjà une valeur d’exploit. Ce 18 février 2006 reste évidemment comme le moment fort de la carrière du Jurassien, quatre jours avant de décrocher le bronze avec le relais composé notamment de Raphaël Poirée, dont ce sera la dernière médaille olympique, lui qui n’a jamais connu la consécration ultime en trois participations aux JO (1 argent et 2 de bronze).
Vincent Defrasne peut lui s’en vanter mais ce n’est pas l’habitude du porte-drapeau de la délégation française, le troisième biathlète tricolore de l’histoire après Anne Briand (1994) et Yvon Mougel (1984). Originaire de Pontarlier(Doubs), où il avait endossé le surnom de « Chat Gris », Vincent Defrasne est d’une nature discrète. Son « physique de crevette » et sa « tête toujours en l’air », selon ses propres termes, ne l’ont pas empêché d’être, depuis dix saisons, l’un des cadres du relais tricolore.
Conscient de la chance qui lui a été offerte de mener la délégation française à Vancouver, ce papa-poule n’en rajoute pas : « Je vais vivre quelque chose de fort, j’espère le vivre pleinement au moment présent. Maintenant, je vais quand même garder cet esprit d’athlète conquérant. »
Médaillé de bronze aux JO en 2002 et 2006 avec le relais et détenteur de six médailles mondiales dont deux titres (individuel en 2001 et relais mixte en 2009), le leader de l’équipe de France depuis la retraite, en 2007, de Poirée, aura l’occasion au Canada de devenir le premier Tricolore à grimper quatre fois sur un podium lors des Jeux d’hiver. Bien qu’ayant connu une première partie de Coupe du monde 2009-2010 en demi-teinte et cette septième place comme meilleure performance enregistrée lors du 10 km d’Anterselva le 23 janvier, Vincent Defrasne ne manque pas d’appétit.
« J’y vais pour une médaille individuelle et une médaille en relais et je me mets no-limit sur la couleur, confie-t-il avant ses derniers JO, j’ai une expérience qui fait que je sais me préparer et élever mon niveau quand je le veux vraiment ». Le fait de disputer sa première course, 48h après la cérémonie d’ouverture, pourrait néanmoins le perturber dans sa préparation : « Je vais me faire conseiller par d’anciens porte-drapeaux, Carole Montillet et Tony Estanguet en tête. » On disposera d’un élément de réponse dimanche à l’occasion de la première épreuve, le sprint 10 km, deux jours avant la poursuite. De quoi se chauffer correctement avant le 20 km qui se déroulera le 18 février, quatre ans jour pour jour après son sacre de Turin.
Jeux Olympique 2010
Source : Eurosport
Vincent Defrasne porte-drapeau de la délégation française lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Vancouver.
« C’est un grand honneur et un « gros cadeau »
Vincent DEFRASNE , vous serez le porte-drapeau de l’équipe de France olympique ce soir lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de
Vancouver. Est-ce un honneur pour vous ?
« Oui, c’est un bel honneur et un gros cadeau que l’on me fait. Du coup, il y a aussi beaucoup de choses à assumer autour de ce rôle de porte-drapeau. C’est une responsabilité. Mais j’en suis très heureux, parce que je suis fier de l’équipe de France et fier d’y appartenir. Surtout, j’aime beaucoup les Jeux Olympiques ».
On imagine que cette cérémonie n’aura rien à voir avec les précédentes pour vous…
« Bien sûr, c’est forcément différent, d’abord parce qu’on m’en parle beaucoup, donc ça finit par rentrer dans la tête. Sans grossir le rôle, c’est à moi de représenter l’équipe de France dans le monde olympique. Ce n’est pas anodin dans une carrière ».
Vous êtes-vous préparé tout particulièrement pour cette cérémonie ?
« Non, j’y vais un peu comme ça. On a décidé de le faire un peu au naturel. Tout le reste, je le prépare de façon très pointilleuse, que ce soit au niveau physique, technique, mental, le matériel. Tout ce qui concerne la performance, j’essaie d’être vraiment très précis. Mais pour la cérémonie, j’ai envie de vivre ça de façon un peu plus naturelle ».
Vous arrivez aussi avec une étiquette de champion olympique. On doit aussi beaucoup vous parler de Turin, non ?
« Oui, on me parle beaucoup de Turin mais j’essaie vraiment de mettre ça de côté. Je m’appuie juste sur ce qui a bien marché il y a quatre ans pour me servir de cette expérience ici à Vancouver. Mais rien de plus. Si je regarde trop dans le rétroviseur, je pense que ce ne sera pas bon du tout ».
Vous n’étiez pas satisfait de votre début de saison. Comment vous sentez-vous à l’heure des Jeux après le dernier stage préparatoire ?
« Ca dépend des jours. Certains jours je me sens très bien, d’autres fois les sensations sont moyennes. On fait en ce moment des séquences avec un gros impact physique pour achever la préparation, ce qui explique ces variations. Dans l’ensemble, ça va, mais il ne faut pas trop écouter ses sensations ».
Y a-t-il une course que vous visez tout particulièrement ?
« Ce que j’aimerai vraiment, dans l’idéal, c’est faire un gros sprint pour bien me placer dans l’optique de la poursuite et viser une médaille dans cette épreuve. Mais je ne vais pas me gêner pour tout donner pour le sprint et si ça veut rigoler, ce sera tout bonus ».
Plus qu’un porte-drapeau
Seul champion olympique tricolore présent au Canada, le Doubiste tentera de devenir le premier français à monter quatre fois sur un podium lors des Jeux d’hiver et Vincent espère étrenner son rôle de porte-drapeau tricolore de la plus belle des manières.
Les nouveaux talents, par Vincent Defrasne
Vincent Jay « C’est le malin du groupe. Il sait jouer en relais, il sait laisser passer devant lui le bon gars pour le suivre ou empêcher un autre de passer, s’il sent qu’il va le ralentir…. Il ne va pas se cramer en première position. Il sait se cacher quand il faut. Il a des ressources mentales pour réagir s’il est en difficulté, que ce soit en ski ou en tir. Il est bon dans la gestion de son potentiel. »
Martin Fourcade « Il a un énorme potentiel. Il a tout: le gabarit, la caisse (le physique), la tête posée sur les épaules. Il peut être parmi les meilleurs et tout le temps. Il est capable de faire une énorme carrière, de gagner le classement général de Coupe du monde, par exemple. »
Simon Fourcade « C’est un méritant. Il vit à 100% pour son sport, il l’a dans les veines. C’est une grosse passion qui le dévore dans le bon sens du terme. C’est LE passionné. Du coup, il est très travailleur. C’est lui qui prend le moins de congés de nous tous. On épluche tous les stats après les courses mais lui le fait dès la fin de la course. Nous, on attend le soir. »